• Une personne de mon entourage boit trop : que puis-je faire pour l'aider ?

    Conseils pour les proches

     (d’après l’ouvrage de Philippe Batel et Serge Nédélec : Alcool : de l’esclavage à la liberté, Editions Demos, 2007)

    Lorsqu’un enfant, un père, une mère, une femme, un mari ou quelqu’un de proche de nous a de toute évidence un problème de maîtrise de sa consommation d’alcool, il n’est jamais aisé d’en parler et encore moins de savoir ce qu’il convient de faire pour l’aider.

    S’entretenir avec un malade alcoolique à propos de son problème est une difficulté réelle. S’il a une certaine conscience de sa manière pathologique de boire, en général, il ne parvient pas à l’accepter et à le reconnaître vraiment. Il ne boit pas par plaisir ou dans l’intention de vous faire souffrir, il boit pour anesthésier sa propre souffrance et ne sait pas comment faire autrement. Alors, l’aider c’est l’accompagner pour qu’il reconnaisse pleinement qu’il a un réel problème d’alcool, qu’il ne peut pas s’en sortir tout seul et qu’il existe des solutions à ses difficultés, d’autres moyens de faire face à ses souffrances.

    La maladie alcoolique est une pathologie complexe dont le soin demande du temps. Elle ne peut se résoudre simplement. Aussi aurez-vous besoin de patience mais aussi de fermeté et de cohérence dans votre attitude pour aider votre proche à s’en sortir. La dépendance à l’alcool n’est en aucun cas une fatalité ou une malédiction : vous pouvez faire quelque chose pour aider une personne de votre entourage à s’en sortir, mais vous y parviendrez difficilement tout seul.

    Informez-vous sur la maladie alcoolique


    D’abord, informez-vous et prenez conseil. Ne restez pas seul avec ce problème, parlez-en à votre médecin. N’oubliez pas que si vous vivez aux côtés d’une personne alcoolodépendante, vous-même souffrez indirectement de la maladie alcoolique.

    N’hésitez pas, alors, à rencontrer un professionnel dans un centre d’alcoologie ou une consultation hospitalière d’alcoologie pour avoir une information plus précise et mieux adaptée. Pour qu’un malade alcoolique se soigne réellement, il est nécessaire qu’il soit lui-même acteur de son rétablissement. En effet, lui seul peut prendre la décision de se soigner, vous ne pouvez que l’inviter à le faire.

    Plusieurs étapes

    1. La prise de conscience du problème par la personne elle-même.
    2. La demande de démarche de soins spécifiques à cette maladie.
    3. L’arrêt de la consommation.
    4. L’après-sevrage et la reconstruction.

    À chacune de ces étapes, si vous vivez dans l’entourage immédiat d’un malade alcoolique, vous pouvez l’accompagner, sans jamais perdre de vue que vous n’êtes ni son médecin ni son infirmier(e).

    Quelle attitude adopter face à une personne dépendante ?

    À éviter

    • Ne rien dire, ne rien faire. La consommation excessive d’alcool est un très sérieux problème ; il est donc important de pouvoir dire et faire quelque chose.
    • Donner des leçons de morale, se montrer menaçant. Ces deux attitudes ne serviront à rien ; pire, elles culpabilisent la personne qui boit. Celle-ci a une certaine conscience de son état, mais ignore comment faire pour changer sa manière de boire, comment et où demander de l’aide.
    • Se culpabiliser. C’est totalement inefficace et le plus souvent sans aucune raison.
    • Contrôler la consommation ou limiter les moyens financiers. Au jeu de la dissimulation, l’alcoolique est roi. S’il veut boire, il saura comment parvenir à ses fins.
    • Prendre le rôle du soignant. En matière de soins, il est préférable de s’adresser à de vrais professionnels rompus à la complexité de cette maladie et de l’accompagnement dans la durée qu’elle nécessite.
    • Accepter de subir la violence verbale ou physique. N’oubliez pas de vous protéger vous-même. La violence ne peut en aucun cas aider à restaurer le dialogue avec le malade alcoolique.

    Être soi-même

    • Dites les choses et soyez le plus authentique possible.
    • Dites ce que vous ressentez vraiment face à ce problème d’alcool. N’hésitez pas à le nommer très explicitement. Si l’alcoolisme est un symptôme qui masque évidemment bien autre chose et s’accompagne le plus souvent d’autres problèmes (dépression, malveillance, difficultés de communication), il n’en reste pas moins vrai que l’alcool est aussi un problème en soi qu’il est essentiel d’aborder avec vos propres mots.
    • Osez parler de votre propre souffrance face à cette situation. Osez aussi lui parler de votre amour.
    • Reconnaissez ses efforts pour diminuer ou arrêter sa consommation d’alcool même s’ils ne sont pas couronnés de succès dans la durée. Il est souhaitable de se montrer patient.
    • Soyez vous-même solidaire et cohérent par rapport à l’alcool.
    • Continuez à le considérer, tant que c’est possible, comme un être responsable de lui-même.
    • N’hésitez pas à poser vos limites en restant crédible. Le chantage au départ ou la menace de sanctions ne servent à rien s’ils ne sont pas mis en oeuvre.

    Demandez de l’aide pour un proche et pour vous-même

    Parlez de la situation de la personne de votre entourage à votre médecin, et conseillez à cette personne de consulter dans un premier temps un médecin ou de prendre rendez-vous pour une consultation dans un centre d’alcoologie ou dans le service d’alcoologie d’un hôpital. Proposez-lui de l’accompagner.

    Proposez-lui de prendre contact avec une association d’entraide afin de rencontrer des personnes ayant vécu des problèmes similaires.

    Rencontrez des travailleurs sociaux si la situation matérielle se dégrade.

    Respectez en toutes circonstances le secret professionnel des personnels de santé.

    Aidez le malade alcoolique, une fois sevré, à reconstruire sa vie. L’arrêt de la consommation n’est qu’une première étape, nécessaire mais non suffisante pour se soigner. Au début, vous pouvez l’aider à réorganiser son temps libre, l’encourager à développer des activités créatives et à poursuivre dans la durée une démarche thérapeutique. En cas de réalcoolisation, conseillez à la personne malade de reprendre au plus vite contact avec son médecin traitant pour en parler et faire le point.

     


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